FAUX, Ces équipements militaires n’ont pas été fournis au Niger dans le but d’évincer la France

29 août 2023

La publication est une brochette d’anciennes images publiées à des fins trompeuses.

Un post sur X publié par le compte à l’identifiant @DelphineSankara, prétendant informer les utilisateurs de la plateforme de microblogging que le Niger a reçu des équipements militaires de la Russie pour se défendre et évincer la France, est mensonger. 

Le post affiche quatre (04) images. La première montre un chariot-élévateur déchargeant des véhicules militaires d’un avion-cargo avec un drapeau Russe. La seconde affiche des chars militaires alignés en file indienne et les deux dernières montrent des armes, des gilets pare-balles, des munitions ainsi que des paires de chaussures et d’autres équipements.

Sur chacune des images, il y a un logo dans lequel on pourrait lire : DML 227, ainsi qu’un autre logo rouge, assez fou mais qui ressemble à des armoiries.

La légende du post indique que le Niger vient de réceptionner des matériels lourds venant de la Russie ; une importante logistique arrivée à Niamey et plusieurs “avions de représailles de type M12-47-B” ainsi que des véhicules blindés.

« Niger / Pour chasser la France, il faut impliquer la Russie », accentue le post.

Des images modifiées

La recherche d’images inversées avec les première et seconde photo du post, a permis de retrouver les mêmes images publiées dans d’autres contextes.

La première photo où l’on voit un véhicule militaire déchargé d’un avion a par exemple été utilisée le 6 décembre 2014 pour illustrer une publication portant sur Sun Tzu et la logistique. Il est par ailleurs important de préciser que la photo originale — signée par le photographe et sergent de l’armée française de l’air Jean Luc Brunet — telle que publiée en 2014 ne portait pas ni le drapeau russe, ni le logo rouge à côté des inscriptions F-RBA. La photo a donc été modifiée et le drapeau et le logo rouge ont été ajoutés.

La seconde photo a quant à elle été publiée le 26 mai 2021 par l’Institut français des relations internationales (Ifri). De même, le logo rouge y a été ajouté, pour cacher une étiquette sur lequel on peut apercevoir le drapeau français et un autre aux couleurs verte, jaune et rouge.

Les recherches sur la troisième photo révèlent qu’elle est également ancienne, et qu’elle a notamment été utilisée pour illustrer cet article publié par TVA Nouvelles en mai 2020 sur la liste des armes désormais prohibées par le gouvernement Trudeau (Canada), ainsi que cet article de Newsweek publié en décembre 2020. La photo qui montre des armes de type AR-15 est disponible sur Getty Images, où Spencer Platt détient les droits de propriété. Pour information, les droits éditoriaux standards sont accordés pour l’utilisation de l’image en grande résolution (6.000 x 4.000 pixels), contre 499 USD sur la plateforme Getty.

Enfin, l’existence de la quatrième photo sur Instagram depuis mars 2019 montre qu’elle n’est point liée à l’actuelle situation au Niger. 

Au regard de tout ce qui précède, il est trivial qu’il s’agit d’une publication qui comporte tout simplement un ramassé d’images sorties de leur contexte.

De plus, aucune communication officielle nigérienne, ni relayée par des médias crédibles, ne fait état de livraison d’armements russes au Niger. Et pour clore ce debunkage, précisons qu’il n’existe à ce jour, pas d’avion de type M12-47-B répertorié dans les bases de données aéronautiques ou parmi les modèles d’avions reconnus.

Cette publication survient à la suite du coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger, où le président Mohamed Bazoum a été renversé par un groupe militaire formé au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), dirigé par le général Abdourahamane Tchiani.

Conclusion

IvoireCheck a vérifié un post prétendant montrer des images de livraison d’armements russes au Niger afin de l’aider à évincer la France, et a trouvé que c’était FAUX.

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Cette vérification des faits est rédigée par IvoireCheck dans le cadre du programme de l’Incubateur africain de vérification de faits, avec le soutien de Meta et de Code for Africa, à travers son initiative de vérification des faits,PesaCheck, et l’Alliance africaine de fact-checking (AFCA).