Malgré la recommandation de l’académie françaisequi a estimé le 7 mai 2020 qu’il est « préférable » de dire « la » Covid, de nombreux médias comme la BBC ce 1er juin, Franceinfo ce 4 juin etLibération ce 5 juin continuent d’utiliser l’expression « le » Covid.
Même le président français n’y échappe pas. Emmanuel Macron a déclaré le 4 juin 2020 que l’enjeu est « de faire en sorte dès maintenant qu’un vaccin contre leCovid-19, lorsqu’il sera découvert, bénéficie à tous, parce qu’il sera un bien public mondial. C’est pourquoi la France sera prête, comme le demande l’Alliance, à augmenter de 100 millions d’euros sa contribution lorsqu’un vaccin efficace contre le Covid-19 sera disponible, afin d’en assurer la diffusion à un prix abordable ».
Selon les spécialistes, l’usage de la langue est parfois différentde ce queles règles préconisent.
« Ce problème de genre n’est pas grave en soi. Covid étant une expression en anglais, il est plus commode pour les francophones de le mettre au masculin », analyse Dr Alain Diassé, enseignant-chercheur au département de communication (CERCOM) à l’université de Cocody. « Dans tous les cas, ça ne change pas la nuisance de la maladie », juge ce spécialiste de l’analyse du discours.
Le Professeur Aimé Adopo, enseignant-chercheur à l’Ecole normale supérieure (ENS) d’Abidjan, affirme que même si des personnes continuent de dire « le » Covid,il est correcte de dire c’est « la » Covid parce que la transcription de l’abréviation de l’anglais en français signifie la maladie à coronavirus. « Si c’est l’acronyme Covid, du point de vue scientifique, grammaticale, académique, c’est le genre féminin. Normalement, on doit dire « la » Covid. Maintenant, si on dit coronavirus, évidemment c’est « le » parce que ce ne sont pas les mêmes mots », explique-t-il.
Pour le Pr Adopo, certains continuent de dire « le » Covid parce qu’au début, tout le monde disait « le ». Mais précise-t-il, « il y a la réalité académique, scientifique et il y a la réalité de l’usage des mots. Parce qu’on peut dire que, académiquement, voilà ce qu’il faut dire mais le locuteur utilise la langue comme il veut. Mais on ne peut pas obliger les locuteurs à se conformer à la norme », explique-t-il.
Les noms épicènes
Mais il y a aussi les noms dits épicènes. Selon l’académie française, « terme d’origine grecque, en effet, signifiant « commun », épicène désigne les deux genres en même temps ». Le Professeur Adopo ajoute qu’« il y a effectivement des mots qu’on appelle des noms épicènes qui sont des noms soit qui ont un seul genre mais qui conviennent aux deux sexes. Je prends l’exemple de souris. La souris c’est féminin mais ça désigne l’animal femelle comme l’animal mâle ».
« Egalement, il y a un autre type de noms dits épicènes qui sont des mots qui n’ont pas de genre masculin marqué en tant que tel. C’est l’exemple de ‘’élève’’. On dira un élève quand c’est un garçon ou une élève quand c’est une fille », poursuit-il.
En dehors des mots formés de façon arbitraire, le Pr Alain Adopo souligne que les acronymes fonctionnent selon le principe que c’est le premier mot ou le mot qui gouverne l’ensemble. En tout cas, sil’OMSutilisait au début « le » Covid, l’organisation a depuis adopté l’appellation « la » Covid. Malgré la recommandation de l’académie française d’utiliser le mot au féminin, les deux genres sont-ils acceptés au regard de l’usage ?
Anderson Diédri